La ceinture de vérité – Esaïe 11,1-5 ; Eph 6 ;

Nous avions abordé dans un précédent article, le rôle de l’armure de Dieu, l’importance de la porter chaque jour pour tenir ferme dans ce combat spirituel que nous menons contre les attaques de l’Ennemi.

Abordons la première pièce de cette armure qu’est la ceinture de la vérité. Le légionnaire romain avait autour de la taille un ceinturon épais d’une largeur de quinze à vingt centimètres, généralement en cuir garnie de plaques de métal. C’était une pièce stratégique dans l’équipement du soldat romain. Ceci pour deux raisons :

La 1ère : les vêtements que portaient les soldats étaient constitués d’une tunique ample qui venait au moins jusqu’aux genoux. Pour un homme, cette ceinture faisait en sorte que la robe ne soit pas trop volante et qu’à mi-hauteur elle soit tenue les jours de tempête ! Lorsque le soldat devait se battre ou avoir besoin de ses armes il devait faire attention à ce que les replis et les pans de la tunique ne gênent pas ses mouvements et l’empêchent d’utiliser efficacement ses armes. Le rôle de la ceinture était très important car il maintenait la tunique serrée, donnant au soldat plus de liberté d’action, d’agilité dans l’action, moins de prise à l’adversaire, et donc une possibilité de se servir de sa force. Du coup, détacher la ceinture de quelqu’un, c’était l’affaiblir, le rendre sans force, incapable d’attaquer ou de se défendre.

La 2ème raison c’est que si la ceinture est la pièce première de l’armure c’est parce que tout le reste s’y attachait. Notamment la cuirasse qui venait s’agrafer et s’attacher solidement à la ceinture parce que c’est elle qui protégeait les organes vitaux. Sans cette ceinture, la cuirasse risquait de glisser à droite ou à gauche, exposant les flancs du soldat aux flèches de l’ennemi. Cette ceinture retenait aussi les jambières, mais aussi le fourreau pour l’épée. La ceinture est donc la pièce sur laquelle tout le reste de l’armure va s’appuyer. C’est comme un policier aujourd’hui si je lui enlève sa ceinture il perd son arme, ses menottes, sa matraque, etc. Il est sans défense, livré au pouvoir des hommes sans foi ni loi.

Sans cette ceinture, le reste de l’armure perd toute son efficacité. Toutes les autres pièces de l’armure dépendent de la ceinture. Elle est indissociable des autres parties de l’armure. Cette pièce est donc première, fondamentale, primordiale. Si la ceinture de vérité n’est pas bien serrée et placée, elle ne permet pas une bonne utilisation des autres armes spirituelles.
Par exemple : l’épée de l’esprit qu’est la parole est accrochée à la ceinture de vérité. Sans la vérité l’épée reste dans son fourreau et elle est inefficace. Elle est inefficace tant que nous ne mettons pas en pratique la vérité. L’ennemi n’a pas peur de la parole tant qu’elle n’est pas utilisée !

Où se met, où se pose la ceinture ? Sur les reins, elle couvre les reins. Pour un hébreu les reins sont le lieu de la force. Ils concentrent toute la force d’un humain et ils symbolisent sa stabilité. Prenez les haltérophiles : ils portent une ceinture de force pour pouvoir mobiliser toute leur énergie à soulever des masses considérables. La ceinture a quelque chose à voir avec la force vitale.

Couvrir ses reins c’est donc protéger sa force vitale. La vérité fait le lien entre le haut et le bas de notre être, elle le rend fort et stable. Notre force dépend en partie de l’état de nos reins dont le bon fonctionnement nous permet de marcher et de tenir debout. S’ils sont bloqués on ne peut plus bouger et nous sommes donc fragilisés. Le ceinturon des soldats romains affermissait leurs reins en les soutenant fermement pendant le combat.

Quand Paul dit de porter la vérité pour ceinture, il est bien question de force. Et dans le combat de la foi, il faut avoir les reins solides ! On entend parfois d’une entreprise qu’elle a « les reins solides ». Généralement on utilise cette expression pour susciter la confiance financière au moment où l’on doit prendre une décision importante, ça rassure. Or Paul nous invite à nous rendre puissants dans le Seigneur (6,10). Et la seule manière de le faire c’est en étant ceints de la vérité. Car par nous-mêmes nous risquerions bien un tour de rein et nous manquerions toujours de force.

Qu’est-ce que la vérité dirait Pilate ? Est-ce seulement l’absence de mensonge et de tromperie volontaire ? Non, car il nous arrive de nous tromper en toute bonne foi ! Ce n’est pas non plus une question  de preuve scientifique. Est-ce que ce serait la sincérité, le fait de dire les choses comme on les sent ? La sincérité n’est pas la vérité, c’en est plutôt une contrefaçon. Le diable, le père du mensonge est le roi de la contrefaçon. La sincérité  ne sert qu’à se donner bonne conscience mais nous rend incapable de soulever quoi que ce soit. Etre sincère ce n’est pas être vrai. On peut être parfaitement sincère et totalement dans l’erreur ! Il faut donc quitter la ceinture de sincérité pour se ceindre de celle de la vérité. La vérité unifie si je puis dire le dire et le faire. Il y a cohérence, on peut s’y fier.

Problème : il y a 2 vérités. La vérité et la vérité vraie. La vérité des démons qui disent connaitre Jésus : « je sais qui tu es : le Saint de Dieu ! » (Mc 1,24). Mais ils détestent cette vérité. Elle est pleine de sournoiserie et ils l’utilisent même pour tromper… Parce que le malin aime bien jouer entre mensonge et vérité pour nous embrouiller ! En revanche il y a la vérité vraie, c’est celle qui ne fait qu’un avec l’amour comme il est dit dans le psaume 84 « amour et vérité se rencontrent » (Ps 84,11). La vérité vraie allie vérité et amour.

Dans l’Evangile de Jean, Jésus utilise 25 fois l’expression « en vérité, en vérité je vous le dis »… on voit le lien entre ceinture et vérité quand on sait qu’en hébreu vérité (émeth) vient de la racine amen. Cette racine MN évoque ce qui a une assise solide, ce qui est stable, ce qui tient bien, ce qui est ferme et assuré. Elle parle de cohérence, de résistance, de robustesse. « Amen », c’est aussi le cri que le chamelier à l’arrière de la caravane pousse quand tous les chameaux sont bien attachés et qu’on peut partir : « amen ! Ça tient bien, on peut y aller ! » Autant dire que la vérité c’est ce qui est solide comme une caravane dans le désert.

Mais ce mot hébreu se traduit aussi par fidélité. La vérité c’est aussi ce qui est fiable, ce qui fait foi, ce à quoi on peut s’accrocher. Dans Esaïe 11,5 il est écrit du Messie : « La justice sera la ceinture de ses flancs, et la fidélité la ceinture de ses reins ». Ici fidélité peut aussi être traduit par fermeté, probité, fiabilité.

Justement vous savez très bien que la vérité n’est pas une idée, mais une personne. Jésus dit « Je suis la vérité ». Il est la vérité vraie. Avant de mettre l’armure, il faut se tenir dans la vérité. Il faut que tu sois en Jésus-Christ.  La vérité on l’a vu c’est ce qui tient. Ecoutez bien : avoir les reins solides pour le combat de la foi c’est donc ceindre sa propre vitalité de la force même de Dieu, qui est la seule chose vraiment solide qui existe. Dans ce combat de la prière contre l’Ennemi, avoir la vérité pour ceinture c’est avoir le Christ comme soutien. Il est notre seule force.

Je termine avec un encouragement. Dans les pays d’orient, comme je l’ai dit la ceinture servait à remonter les vêtements amples pour permettre l’activité, elle tenait ferme les reins des travailleurs, soutenait la bourse, et aussi l’épée du soldat. Ainsi, la Ceinture de Vérité nous est utile pour les mêmes raisons : car nous devons être actifs pour la vérité, fermes dans la vérité, généreux au service de la vérité, et zélés combattants de la vérité. “Que tout ce qui est vrai soit l’objet de vos pensées” disait Paul (Ph 4,8) : en nous tout doit être vrai et préoccupation de la vérité ! Amen

Pour aller plus loin

• Est-ce que la vérité est associée à l’amour dans mes actes et mes paroles ?
• Ai-je été sincère mais pas forcément vrai (ferme, assuré, stable, cohérent, fiable) ?
• Que produit la vérité sans l’amour et l’amour sans la vérité ?
• Dans quel domaine de ta vie as-tu besoin d’être fort, de stabilité, de fermeté ?